« Gloria Victis », MERCIE Marius-Jean-Antonin
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« Gloria Victis », bronze à patine brune et dorée. La Victoire ailée porte le jeune soldat blessé dans ses bras et lui prend délicatement les cuisses tandis qu’elle supporte son poids avec son corps. Au pied de la victoire se trouvent une branche de laurier et un hibou, symbole de sagesse. Les détails de l’œuvre sont élaborés, délicatement réalisés tel que les mains, les pieds, l’armure sur le torse de la Victoire Ailée. Les deux personnages sont d’une beauté néoclassique et idéalisée. Signé sur la terrasse et marqué pour le fondateur Barbedienne à Paris.
Taille: H 93 cm
Ecole française vers 1874.
Litt. Mercié, originaire de Toulouse, né en 1845, a étudié la sculpture à la prestigieuse Ecole des Beaux-Arts de Paris avec François Jouffroy (1806-1882) et Alexandre Falguière (1831-1900). Il débute au Salon, avec un modeste médaillon de portrait de jeune fille, la même année où il remporta le «Prix de Rome» avec sa sculpture «Thésée et le minotaure» en 1868. Cette envoie de jeunesse reçut immédiatement les honneurs et propulse une carrière prolifique pendant plus de quarante-six ans, au cours de laquelle il couvrira littéralement la France de ses monuments. Ses modèles pour «David» et «Gloria Victis», qu’il a exécutés à Rome en 1869 et 1873, sont acclamés par la critique aux salons de l872 et de l874. Alors qu’il était encore étudiant à l’Académie française de Rome, Mercié avait reçu la Croix de la Légion d’honneur, un prix jamais accordé à un étudiant auparavant. «David» sera immédiatement acheté et fondu en bronze pour le prestigieux musée national des artistes vivants, le musée du Luxembourg (aujourd’hui au musée d’Orsay, Paris). L’influence du «QuattroCento» italien et de Donatello, évidente chez David de Mercié, jouera un rôle dans l’intérêt renouvelé du XIXe siècle pour la sculpture florentine de la Renaissance.
Son envoi suivant, le «Gloria Victis», fait sensation dès son apparition à Rome (présenté comme un modèle en plâtre grandeur nature) et est immédiatement acquis par la ville de Paris et exécuté en bronze. C’est vraiment un magnifique exemple d’art public français monumental du XIXe siècle.
Le Gloria Victis procure aux Français le réconfort dont ils avaient grand besoin après la défaite dévastatrice de la guerre franco-prussienne. En 1870, les Prussiens envahissent la France (Mercié était alors étudiant à Rome). À l’origine, Mercié sculpte une figure de la renommée, ou Victoire ailée, portant dans la gloire un soldat victorieux. À la suite de la capitulation de l’armée française, Mercié modifia la figure du soldat exultant pour celle d’un soldat vaincu – une épée brisée toujours dans ses mains. Le titre de l’œuvre, Gloria Victis, signifie littéralement «Gloire au vaincu». Ce message patriotique a sans aucun doute contribué à la profusion élogieuse des louanges du public pour cet œuvre. Le jeune homme représenté dans l’œuvre était un ami personnel de Mercie et un artiste nommé Henri Regnault. Le patriote Regnault (peintre orientaliste) fût tué le dernier jour de la guerre franco-prussienne alors qu’il participait à la défense de Paris.
Le patriotisme mis à part, à l’époque, « Gloria Victis » était considéré comme audacieux sur le plan de la composition. Au cours des années 1860, plusieurs sculptures de salon abordent les problèmes formels de représentation d’une figure en équilibre sur un pied. Gloria Victis relève ce défi pour soutenir deux personnages ! En raison de cet élément de composition, Gloria Victis a influencé de nombreuses œuvres, notamment « L’Appel aux armes » de Rodin.
L’inspiration de Mercie pour la Gloria Victis fût la « Victoire ailée de Samothrace », découverte sur l’île égéenne de Samothrace en 1863 et immédiatement envoyée au Louvre à Paris.
Mercié, aussi prolifique que populaire auprès du public et des mécènes, il fût très demandé en tant que sculpteur monumental. Il exécuta des décorations architecturales telles que le « Génie des arts » (vers 1877, relief en bronze; façade du Palais du Louvre, Paris) et « La Renommée », la colossale figure en bronze doré représentant la coupole du Palais du Trocadéro, également à Paris ( 1878).
Sa sculpture remporte les plus hautes distinctions aux « Expositions Universelles » de 1878 et 1889. Mercié est élu en 1889 à l’Institut de France. Succès suivi en 1890 en devenant professeur à l’Ecole des Beaux-Arts, il est ensuite promu au rang de Grand Officier de la Légion d’Honneur. En 1913, il a couronné ses exploits avec son élection à la présidence de la Société des artistes français.
Les musées suivants ont un bronze Gloria Victis dans leurs collections: Orsay, Cherbourg, Petit Palais (Paris), Rouen, Toulouse, Berlin, Copenhague, Bordeaux, Walsal (Royaume-Uni), Washington DC, Santa Barbara, Dartmouth (USA).
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