De tout temps, le meilleur ami de l’homme fût l’animal. Il a donc une place importante dans l’histoire de l’art.
Au cours des 17 et 18e siècles, la peinture en Europe se libère de son caractère religieux et didactique pour devenir un objet de plaisir et de collection. La peinture de l’Homme et de ce qui l’entoure se développe et avec cela, la représentation des animaux sauvages et domestiques.
Au début du 19e siècle, la peinture néo-classique de nos régions met en scène vaches, moutons, chevaux et autres animaux de pâturages dans des paysages idylliques et vallonés, souvent italianisants. La qualité et le raffinement des peintres comme Balthasar-Paul Ommeganck, Jean-Baptiste De Roy, Henry Van Assche étaient indéniables. Ils connurent un franc succès de leur vivant.
Leur style traditionnel fera rapidement place à un style proche du Romantisme dont Eugène Verboekchoven sera le maitre incontesté. Autodidacte et célébrité de son époque, il était de bon ton d’avoir une œuvre de l’artiste dans sa collection ! Justesse chromatique, correction du dessin, détails soignés et harmonie de la composition, tout y était ! Consécration, le Rijksmuseum d’Amsterdam lui achète deux tableaux en 1824 et 1825.
Autour de 1830, l’atelier du maître s’enrichi du pinceau d’élèves prometteurs : le français Thomas Francia, Eugène Vermeulen, Charles Tilmont, les frères Tschaggeny d’origine suisse, Louis Robbe de Courtrai et Daniel-Adolphe-Robert Jones de Bruxelles mais d’origine anglaise. Tous resteront assez fidèle au genre du maitre, sauf Louis Robbe qui prendra le train du réalisme.
Verboeckhoven fera des nombreuses collaborations avec des artistes paysagistes ou portraitistes. Prenons un exemple : dans une œuvre de son frère Charles, peintre mariniste, Eugène s’occupera des animaux au bord de l’eau. Il travaillera aussi avec Louis-Pierre Verwee, son première élève, paysagiste et animalier. Ce dernier fut le professeur de son fils Alfred, connu pour sa peinture réaliste du bétail de la mer du Nord, les Polders). Ce phénomène de collaboration se développera principalement dans la peinture hollandaise romantique.
Actuellement, ce style d’œuvres rencontre encore son public, mais n’est pas « à la mode ». ce qui permet aux amateurs de les acquérir à des prix raisonnables.
Vers le milieu du 19e siècle, les artistes adeptes du réalisme s’imposent, avec leur désir d’observation objective, le rendu exact, la fin de l’idéalisation et du sentimentalisme anecdotique. Le genre du paysage (animé) ne cesse de se moderniser grâce aux écoles de Barbizon en France et l’école de Tervuren en Belgique.
Sous cette influence, la peinture animalière progresse, se diversifie et se spécialise. A côté du bétail, le public se tourne vers des scènes et portraits de chiens, de chats, d’oiseaux et même de singes !
Joseph Stevens, élève de Louis Robbe et frère du peintre de genre Alfred Stevens, mettra un vent de fraicheur dans la peinture des animaux domestiques. Pionnier du genre, il exprime la psychologie animale de manière réaliste à travers la composition, l’expressions, la position des animaux mais aussi à travers le support.
La volaille et les oiseaux seront l’apanage d’André Plumot, de Piet Van Engelen et de Jean-Louis Van Leemputten.
Les singes sont la spécialité de Vincent de Vos et de Zacharie Noterman.
Charles Van den Eycken fils, sera l’élève de Stevens à l’académie de Bruxelles. Rapidement reconnu pour ses représentations picturales de chiens et de chats dans des intérieurs. Il ne portraiture pas les animaux, mais ils sont au contraire des participants actifs. Ils sont le plus souvent représentés dans des situations touchantes ou ludiques, qui donnent beaucoup de vie à ses œuvres.
Charles est également un membre actif de « L’Essor », un cercle artistique fondé en 1876 lorsque le réalisme devient un mouvement unificateur parmi beaucoup de jeunes artistes. La devise de L’Essor était « Un art unique, une vie unique » et met donc l’accent sur le lien qui doit unir l’Art à la Vie. Les fondateurs sont perçus comme progressistes et se rebellent contre le conservatisme académique.
Dès 1881, il expose régulièrement aux salons de Bruxelles, Lièges, Gand, Anvers mais aussi en Hollande, en Allemagne et même en Espagne. Il reçoit de nombreuses médailles, très convoité, il exécute de nombreuses commandes notamment pour la reine Marie-Henriette de Belgique.
En 2e partie du 19e siècle, l’impressionnisme et plus largement la peinture en plein air permettra à certains artistes de se passionner à nouveau pour les représentations du bétail et autres animaux de compagne, tels Emile Claus ou Rosa Bonheur.
L’avènement des zoos et la possibilité de voir de près les animaux (sauvages) influenceront des générations d’artiste Art Nouveau et Art déco. Paul Jouve et ses contemporains, sublimeront le portrait animalier à travers des lignes épurés, œuvres sans cesse recherchés sur le marché de l’art.
Aurélie Di Egidio
L’Egide Antiques Brussels
Source :
- « Du coq à l’âne », La peinture animalière en Belgique au 19e siècle, catalogue d’exposition, Norbert Hostyn, 1982, imprimerie Georges Thone S.A.
- « Kortrijkse dierenschilders van de 19de eeuw », catalogue d’exposition, hotel de ville de Courtrai, Paul Debrabandere et Isabelle Bauwens – De Jaegere, , 1987, imprimerie Snoeck-Ducaju & Zoon
- « Arto, dictionnaire biographique arts plastique en Belgique », Wim et Greet Pas, 2002, éditions De Gulden Roos.
- « Dictionnaire des peintre belges nés entre 1750 et 1875 », P et V Berko, 1981, éditions Laconti, Bruxelles.
- L’Abécédaire du parcours animalier du musée des Beaux-Arts de Bordeaux. XIXe et XXe siècles, Version du 04/06/2015.